L’implant auditif, une solution alternative à l’appareil auditif conventionnel.

Découvrez l’interview de Pascal Rialhon, audioprothésiste DE chez Acoustique Wernert, spécialiste pédiatrique et régleur d’implant cochléaire au CHU de Saint-Etienne. Il vous explique ce qu’est un implant auditif, ces différentes catégories, à quel âge peut-on en bénéficier, le parcours de soin associés etc.

Bonjour Pascal, pouvez-vous nous dire ce qu’est un implant auditif ?

Les implants auditifs sont des dispositifs permettant de fournir un son clair aux personnes souffrant de troubles auditifs. Ils viennent remplacer les appareils auditifs conventionnels, lorsque ceux-ci ne suffisent pas ou lorsque des contre-indications imposent une solution alternative. Il y a besoin, de façon quasi systématique, d’une chirurgie, pratiquée par un médecin ORL spécialisé.

Quelles sont les différentes catégories d’implant auditif ?

L’implant auditif a plusieurs façons de fonctionner, pour cela, nous distinguons 4 catégories :

1 – L’implant auditif à ancrage osseux :

La 1ère étape consiste à fixer une des deux parties du dispositif dans l’os de la mastoïde (os situé derrière l’oreille). Une fois l’implant mis en place, l’os va venir se reformer sur la partie que le chirurgien aura fixée (ostéo-intégration).

La 2ᵉ étape consiste à adapter, au travers de la peau (en cas de pose de pilier par le chirurgien) ou sur la peau (dans le cas d’un système aimanté) la partie électronique du dispositif qui permettra l’amplification sur-mesure. Cet implant auditif fonctionne grâce à la transmission des vibrations par « conduction osseuse », envoyées directement à l’oreille interne.

2 – L’implant d’oreille moyenne :

Ce dispositif intervient lorsqu’un patient souffre d’une surdité de perception ou de surdité mixte (résultat d’une association entre la surdité de perception et la surdité de transmission). Cet implant auditif nécessite aussi une intervention chirurgicale, puisque la partie « interne » doit être posé sous la peau au niveau de la mastoïde et le système de transmission de la vibration au niveau de la chaîne ossiculaire). La partie externe (offrant l’amplification sur-mesure attendue) viendra s’aimanter sur la partie interne, afin de permettre la transmission des sons à l’oreille interne. L’ORL pourra proposer cette solution en cas de contre-indications à l’appareillage conventionnel.

La recherche tant à faire de cet implant auditif peu courant, un système totalement implantable. Autrement dit, l’objectif est d’avoir l’ensemble du dispositif sous la peau pour gagner en discrétion mais cela peut induire, à l’heure actuelle, des problèmes de captation des sons.

3 – L’implant cochléaire :

Cet implant auditif est préconisé lorsqu’un patient souffre de surdité de perception sévère à profonde. La décision d’implanter ce type de dispositif est toujours précédée de l’utilisation d’un appareil auditif conventionnel. Cet implant auditif est suggéré si un patient obtient des résultats en audiométrie vocale inférieurs à 60 % de compréhension à voix normale (60 dB), avec un appareil auditif dernière génération. L’implant cochléaire a pour objectif de « remplacer » les cellules ciliées de l’oreille interne qui ne font plus leur travail correctement. En venant stimuler directement le nerf auditif grâce à une stimulation électrique. L’implant cochléaire permet, après une rééducation auditive importante, d’espérer une meilleure récupération que les aides auditives conventionnelles.

4 – L’implant auditif du tronc cérébral :

Peu répandu, cet implant a pour objectif de venir stimuler « électriquement » une zone rétrocohléaire (derrière la cochlée) : le tronc cérébral. Les résultats sont bien plus aléatoires que pour l’implant cochléaire et il s’adresse qu’à de rare cas de malformation du nerf auditif, par exemple.

À partir de quel âge peut-on porter un implant auditif ?

Même s’il est difficile de déterminer si un tout petit entend correctement, lorsque l’on détecte un dysfonctionnement auditif, un diagnostic précoce permet de prendre des décisions d’appareillage auditif puis d’implantation rapide.

En règle générale, un enfant peut disposer d’un implant auditif dès 9 mois. Cependant, au sein du CHU de Saint-Etienne, nous appareillons les enfants plutôt lorsque la marche est acquise, soit vers l’âge de 12 mois. Le chirurgien choisit souvent d’opérer une oreille après l’autre, afin de pas perturber le système vestibulaire des enfants.

En revanche, il n’y a pas d’âge limite pour avoir un implant auditif, du moment que la capacité cognitive du patient est suffisante et qu’une rééducation est envisageable auprès d’un orthophoniste.

Quel est le parcours de soin à suivre pour disposer d’un implant auditif ?

Nous recommandons de toujours consulter un ORL en premier lieu, afin de réaliser les premiers tests et voir si l’utilisation d’un appareil auditif peut corriger les troubles auditifs ou s’il faut vraiment envisager un implant. Dans tous les cas, en tant qu’audioprothésistes, nous redirigeons nos patients vers les médecins ORL compétents au moindre doute. Ils prendront la décision de poser un implant auditif, lorsque les appareils auditifs ne fournissent pas les résultats que nous attendons.

Lorsque l’utilisation d’un implant auditif est envisagée, comment se déroule la prise en charge ?

Au CHU de Saint-Étienne, le patient va être pris en charge dans un centre spécialisé où il va être entouré d’une équipe pluridisciplinaire composée d’ORL, de chirurgiens, d’orthophonistes, de régleurs d’implants et de psychologues.

Une fois l’implant auditif posé, il y a un temps de cicatrisation nécessaire d’1 mois environ avant l’activation de la partie interne proprement dit. Dès lors commence une rééducation entre 12 à 18 mois avec un orthophoniste ainsi que l’ajustement du réglage du processeur.

L’implant auditif n’est pas une solution magique, il est nécessaire d’entraîner à nouveau le cerveau à entendre.

Pourquoi une psychologue intervient-elle dans la pose d’un implant auditif ?

Le psychologue va analyser l’historique des troubles auditifs ainsi que sur le vécu de cette surdité. Il va aider le patient à travailler sur ses motivations, ses peurs et ses attentes. Ces éléments interviennent dans la rééducation et déterminent la réussite de la correction des troubles.

Merci Pascal, d’avoir répondu à nos questions sur l’implant auditif, avez-vous un mot pour la fin ?

J’aimerais insister comme je le fais au sein de nos centres Acoustique Wernert, sur le fait que l’implant auditif n’est pas une solution miracle et que son efficacité dépendra de plusieurs facteurs mais aussi de la motivation des patients. Ce dispositif permet d’apporter une meilleure audition, mais il est nécessaire d’accompagner le cerveau dans sa rééducation. Les séances d’orthophonistes sont indispensables et permettront réellement d’optimiser l’écoute des sons et la compréhension de la parole. En tant que régleur d’implant auditif, j’insiste toujours sur le fait que le cerveau n’est pas touché par les implants et qu’il n’y a aucun risque pour celui-ci. Il ne faut donc pas avoir peur de sauter le pas.

Si vos appareils auditifs ne répondent pas à vos attentes, n’hésitez pas à nous consulter. Notre équipe d’expert vous accompagnera afin de déterminer si l’implant auditif peut être une solution envisageable.